La Ronce : une espèce à redécouvrir

Introduction

Dans notre quête de biodiversité, il est essentiel de changer notre regard sur certaines espèces que l’on considère souvent comme envahissantes. Parmi elles, la ronce, ou Rubus fruticosus L., mérite une attention particulière. Cette plante, souvent perçue comme indésirable, joue un rôle primordial en tant que source de nourriture pour la faune sauvage et en tant que protectrice d’autres espèces végétales. De plus, ses bienfaits pour l’homme nous invite à la redécouvrir.

1. La Ronce : Un pionnier de la nature

1.1. Un habitat pour la biodiversité

La ronce est une espèce pionnière qui colonise les friches et favorise l’apparition de jeunes arbres. En créant des fourrés denses, elle offre une protection efficace contre les cervidés et d’autres herbivores qui se nourrissent de l’écorce des jeunes arbres ou des jeunes pousses. Ainsi, la ronce intervient systématiquement dans la succession végétale, aidant à l’installation de la strate arborée.

1.2. Une source de nourriture

La ronce nourrit une multitude d’espèces sauvages. Très mellifère, elle attire des abeilles, des bourdons, des papillons et même la cétoine dorée. Les feuilles de ronce sont également essentielles pour une cinquantaine d’espèces de papillons au stade chenille. De plus, de nombreux oiseaux, sangliers et renards nichent dans ces fourrés épineux et se nourrissent des fruits en été. Les limaces et les microorganismes du sol profitent des feuilles en décomposition, contribuant ainsi à un écosystème riche et diversifié.

2. Les Bienfaits de la ronce pour l’homme

2.1. Usages Culinaires

La ronce ne se limite pas à son rôle écologique ; elle est également précieuse pour l’homme. Les fruits, les mûres ou mûrons (appellation botanique à ne pas confondre avec le fruit des muriers arborescents !), peuvent être utilisés dans de nombreuses recettes, comme des confitures, des coulis, des clafoutis ou même du vin. Les feuilles et les fleurs sont comestibles et peuvent être intégrées dans des tisanes. Les jeunes pousses de l’année offrent une saveur délicate, mêlant des notes de noisette et de framboise.

Une bonne manière de profiter de sa haute teneur en vitamine C est de consommer les mûrons directement sur la ronce. Sachez que le sheong est un un sirop fermenté qui peut se conserver 1 an et qui permet de conserver toutes les saveurs. Il est très simple à réaliser : 50 % de sucre, 50 % de mûrons et secouer les jarres idéalement une fois par jour pendant 1 mois à température ambiante (recouvertes d’un tissu et élastique pour laisser respirer tout en évitant des mouchettes). Au Potager du Gailleroux, je réalise ce mélange de quelques secondes 3 à 4 fois par semaine et cela fonctionne bien ! Une fois la fermentation réalisée, il faut filtrer le sirop et le conserver au frais (dans votre cave par exemple). Cette technique me permet de réaliser des sirops de tous les fruits que j’ai en trop grosse quantité.

Outre usage direct de la ronce, la feuille macérée est utilisée comme substitut au thé. Les feuilles fraiches doivent hachées et être séchées à l’ombre. On les imbibe d’eau. Ensuite, on les essore et on les roule dans un linge humide pendant 3 jours. Finalement, elles doivent être étalées et bien séchées. Une infusion permet alors de la savourer et d’évoquer le thé noir.

2.2. Propriétés Médicinales

La ronce est riche en tanins qui peuvent se fixer sur les muqueuses et les protéger grâce à leurs propriétés antioxydants. Ils sont astringents, antiseptiques, antibactériens et antiviraux.

La ronce est utilisée pour plusieurs usages médicinaux :

  • Les fruits et les feuilles soignent les enrouements de gorge (fruit en sirop),
  • Les feuilles s’utilisent contre les maux de l’hiver,
  • Les feuilles soignent les diarrhées chroniques, les infections virales, parasitaires et bactériennes,
  • Les feuilles soignent les infections buccales comme les aphtes et lutte contre les caries dentaires,
  • Les feuilles soignent tous les petits problèmes de peau suintants.

En gemmothérapie, elle est reconnue pour sa capacité à soutenir le système respiratoire, à régénérer les tissus abîmés, notamment le tissu osseux, et à soulager les douleurs articulaires.

Cette plante peut s’utiliser sur des enfants dès l’âge de 3 ans.

2.3. La ronce permet de bouturer

L’’eau de ronce aide à bouturer. Sa fabrication nécessite des racines blanches de ronces qu’il faut nettoyer, hacher et laisser infuser dans l’eau pendant 24h. Il faut l’utiliser rapidement (max 48h) après sa préparation car son efficacité baisse avec le temps. Vous pouvez tremper vos boutures 24h dans cette eau de ronce avant de les planter dans leur substrat.

2.4. La ronce en vannerie

Tout comme l’osier, la fibre de ronce convient à la vannerie. La ronce est abondante, souvent vue à tort comme un déchet. Je vous invite à découvrir comment réaliser des éclisses de ronce ci-dessous. La patience est de mise mais le résultat donne des objets qui peuvent durer toute une vie.

3. Gérer la ronce dans votre jardin

3.1. Accepter sa présence et gérer ses frontières

Pour profiter des bienfaits de la ronce, il est possible d’accepter sa présence dans certaines zones reculées de votre jardin. En contrôlant son avancement, vous pouvez tirer parti de ses avantages tout en préservant l’esthétique de votre espace.

Pour gérer la ronce, plusieurs techniques peuvent être mises en œuvre. La tonte régulière, le débroussaillage et le paillage du sol sont des méthodes efficaces pour contrôler son expansion. Pour la gérer, de nombreuses personnes envisagent la débrousailleuse. Sachez que la faux a été longtemps utilisée pour la faucher. Une lame bien acérée et le bon geste vous stimuleront à l’utiliser tout en travaillant dans le calme.

Nettoyage d’une zone envahie de ronces à la faux (2h de travail).

La matière végétale découlant du débroussaillage pourra servir de mulch. Celui-ci est à utiliser notamment en paillage pour contrôler l’enherbement des arbres, arbustes, arbrisseaux et des plantes vivaces herbacées.

3.2. La retirer ?

Diverses solutions s’offrent à vous pour la retirer : le débroussaillage régulier (cf ci-dessus), la tondre régulièrement, ôter les racines après un débroussaillage. Pour ceux qui ont des ruminants, la solution se dessine d’elle-même. Je conseille une houe ou une bêche pour retirer les racines. Ce travail est certes fatiguant mais indispensable ! Si vous laissez des morceaux, elle repoussera. Si la ronce pousse dans une prairie (ou une pelouse), retirer les racines vous évitera qu’elle repousse. Dans le cas d’une parcelle avec un terrain nu, je vous conseille d’envisager des cultures suffisamment concurrentielles pour éviter qu’elle repousse. Dans ce cas, cela peut-être des céréales, des graminées, des arbres, une haie, des plantes médicinales vigoureuses telles que par exemple la consoude, la sauge officinale, l’hélichryse, etc. Dans la succession végétale, la ronce n’est qu’une phase transitoire. Envisager la suite de la succession végétale et donc d’autres plantes occupant l’espace est la clé pour éviter qu’elle prenne trop de place.

Conclusion

La ronce est un trésor souvent sous-estimé dans nos écosystèmes. En redécouvrant ses multiples bienfaits, tant pour la faune que pour l’homme, nous pouvons apprendre à valoriser cette plante. En intégrant la ronce dans nos jardins de manière réfléchie, nous contribuons à la biodiversité tout en profitant de ses richesses. Alors, n’hésitez pas à accueillir la ronce et à l’observer sous un nouveau jour !