Je tente ici de répertorier toutes les jardins-forêts de Belgique. Cette carte a été construite notamment grâce à :

  • La cartographie réalisée lors du Festival des Jardins-forêts organisé par les Alvéoles aux 4 Sources à Yvoir en 2023 https://predon.be/cartographie-des-jardins-forets-2/
  • La cartes de projets belges et hollandais présents sur le réseau flamand de la Permaculture https://permacultuurnetwerk.eu/kaart/permacultuurkaart/
  • L’étude « Draaiboek voor voedselbossen in de landbouw » (« scénarios pour des jardins-forêts dans l’agriculture ») réalisée par Jolien Bracke, Annelies Loos et Stefanie Delarue disponible ici : https://ilvo.vlaanderen.be/nl/nieuws/draaiboek-voedselbossen
  • Mes contacts disposant d’un jardin-forêt
  • Des recherches sur internet (projets mentionnant la présence d’un jardin-forêt)
  • Les personnes me contactant et souhaitant être référencées ici ou celles qui ont complété le formulaire ci-dessous.

Vous souhaitez apparaitre dans cette carte ?

Je vous invite à compléter ce formulaire de la manière la plus complète. Cela nous permet d’intégrer plus rapidement les données dans la base de données et sur la carte.

La seule condition pour être dans cette carte est d’avoir un jardin-forêt. Pour mieux comprendre le concept, je vous invite à le découvrir après le questionnaire. 

 

Qu’est-ce qu’un jardin-forêt ?


Le Jardin-forêt (ou forêt-jardin) est un espace jardiné et boisé généralement localisé autour d’une habitation. C’est un paysage comestible étagé, boisé et partiellement ouvert. Il est composé de plantes de différentes strates :

  • Les légumes-racines et les plantes à tubercules,
  • Les plantes couvre-sol,
  • Les plantes herbacées (vivaces ou annuelles de 10 cm à 3 m),
  • Les buissons ou arbrisseaux (maximum 4 m),
  • Les arbustes (4 à 9 m),
  • La canopée,
  • Les lianes.

Origine du terme Jardin-forêt

Le terme forêt-jardin a été inventé par Robert Hart dans les années 1980 (forest garden en anglais). C’est le pionnier des jardins-forêts dans les régions tempérées. Il a créé son propre jardin-forêt de 500 m² dans le Shropshire (Angleterre) pas très loin du Pays de Galles. Voici ci-dessous une vidéo qui illustre son travail. Malheureusement son jardin-forêt a été détruit après sa mort. Fort heureusement, il a inspiré bon nombres d’Européens qui ont été impressionnés par son incroyable projet et le concept se propage en Europe. Ce concept n’est qu’en fait qu’à ses débuts européens même si l’on sait qu’il existait en fait sous d’autres formes ou appellations à travers le monde.

Exemples des jardins-forêts dans le monde ancien

Dans le monde, les jardins-forêts existent depuis de millénaires et sont appelés notamment les « jardins familiaux » en Asie ou en Afrique. En Amérique, les mayas les appelaient « pet kot » et ils étaient entourés de murs de pierres.  Une version du jardin-forêt devait exister aussi en Mésopotamie depuis des millénaires. On appelait alors les jardins boisés des palmeraies-jardins ou kirû (en sumérien kiri6) ou kirum à l’époque paléo-babylonienne. On profite de l’ombre portée par les palmiers pour cultiver des cultures maraichères. Au sein de ces kirû, les palmiers pouvaient être accompagnés d’arbres fruitiers tels que par exemple des figuiers, des grenadiers et des pommiers tout en produisant de l’ombre pour les cultures maraichères les avoisinant.

Représentation des jardins royaux de Ninive, d’après un bas-relief du palais nord

Les pet kot

Les mayas du Yukatan cultivaient des forêts comestibles appelées pet kot jusqu’à l’effondrement de leur civilisation. On doit cette découverte par le professeur et biologiste Arturo Gómez-Pompa et ses collègues en 1987. Des études plus récentes (Campbell and al., Brokaw N. and al., etc.) confirment également que les forêts mayas de la péninsule du Yucatan étaient largement façonnées par l’homme. Pour l’expliquer simplement, les Mayas sélectionnaient les espèces souhaitées et éliminaient les autres non désirées. En plus des études réalisées sur les pollens des espèces de ces forêts, un mot maya de la péninsule du Yukatan souligne la relation intime qu’entretenait l’homme avec la forêt : Kannan k’aax soit « ceux qui prennent soin de la forêt ». Ces forêts cultivées maya récentes sont en fait de larges jardins-forêts dont l’origine remonte il y a 4000 ans. Les études basées sur la présence de pollens, de charbon de bois et les dosages du carbone 13 confirment sur plusieurs sites mayas l’augmentation significative d’espèces végétales de -2000 ans av. JC jusqu’à l’effondrement de la civilisation maya de 750 à 1050 ap. JC.

Changement des espèces végétales au lac Sal Peten au Guatemala depuis l’apparition des mayas 4000 ans avant J.C. Ce graphique a été construit sur base du graphique présenté par Brokaw N. and al., 2024. L’effondrement de la civilisation maya survient il y a un peu plus de 1000 ans juste après le deuxième pic le plus important du graphique.  

Gestion du jardin-forêt

Comme l’explique très bien Robert Hart, une façon simple de créer un jardin-forêt est de planter des arbustes fruitiers tous les 5 à 6 m. Ensuite entre ces arbustes, on installe des arbrisseaux. Entre ces arbrisseaux et arbustes, on intercale des petits-fruits et les derniers espaces sont occupés par des plantes herbacées. La gestion du jardin-forêt consistera alors à gérer les plantes qui empiètent sur les autres.

Le Jardin-forêt est idéalement un mélange harmonieux d’espèces compatibles entre elles composé d’un nombre élevé d’espèces vivaces, au détriment d’un nombre élevé d’espèces annuelles. Son aspect est variable selon son créateur. Une densité faible en arbustes le ferait ressembler à un pré-verger où la maximisation de la lumière ne serait pas optimisée à son maximum. A l’opposé, une trop haute densité en espèces, c’est le risque d’un manque de lumière essentielle à la fructification mais également aux espèces des strates inférieures exigeantes en lumières. Il devient alors indispensable de la laisser pénétrer à nouveau par la réalisation d’éclaircies. Ce phénomène s’est rencontré dans le jardin-forêt de Robert Harts et également dans le plus vieux jardin-forêt de Belgique le jardin des fraternités ouvrières de Mouscron. Pour atteindre cet équilibre, une intervention humaine est indispensable ; elle se réalisera par des tailles/trognes notamment pour des essences trop vigoureuses, par le contrôle des vivaces herbacées envahissantes, et par un suivi attentif.

Afin de cultiver des espèces herbacées productives et exigeantes en chaleur et lumière, le choix de leur emplacement doit être bien réfléchi et positionné dans les zones les plus dégagées, en région tempérée. Il est donc essentiel de créer des zones qui s’approchent des lisières de forêts un peu partout dans son jardin-forêt. Ces espaces sont les atmosphères les plus productives et les plus diversifiées. Un conseil est d’éviter notamment de planter des arbres de vigueur moyenne à moins de 5 à 6 m de distance. Une autre manière de le décrire serait de copier des jeunes boisements. C’est dans ces zones assez lumineuses que les légumes annuels ou vivaces exigeants en lumière et chaleur prospèrent.

Quels intérêts à construire des jardins-forêts ?

  • Une source d’émerveillement et d’apprentissage
  • La diversité en espèces végétales et animale est très haute et équilibre l’ensemble du système ;
  • L’arbre a une place d’honneur et tous ses bienfaits sont mis en valeurs : dégagement d’oxygène, habitats à la faune, production de fruits et légumes variés, large gamme de matériaux de construction , vertus médicinales, usages tinctoriaux, stockage, réduction des excès d’eau et des inondations,  lutte contre la pollution, réduction des fortes chaleurs, de l’érosion ou des vents, protection des sols. Bref il nous équilibre et il est indispensable à la vie ;
  • Les apports en matière organiques sont réduits ;
  • Les micro-climats permettent d’envisager des cultures plus exigeantes en tolérance au froid ou à la chaleur ;
  • Maximiser l’ensoleillement par l’occupation de toutes les strates ce qui augmente les rendements globaux à long terme ;
  • Temps d’entretien réduit par unité de surface en comparaison aux systèmes axés sur les cultures annuelles.

Sources bibliographiques 

  • Brokaw N. and al., 2024. The Ancient Maya and the moderne forest. Biotropica. Volume 27, issue 1 https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/btp.13370 consulté le 03/02/2025
  • Campbell D.G. and al., 2006. The feral forests of the eastern Petén. Time and Complexity in Historical Ecology.
  • Ford A. and Nigh R., 2015. The Maya forest Garden. Eight Millennia of Sustainable Cultivation of the Tropical Woodlands, Routedge, Oxon, 259 p.
  • Joannès F., 2023. L’économie des jardins en Mésopotamie. https://hal.science/hal-03956657/document. Consulté le 19 novembre 2024.
  • Etude flamande sur les jardins forêts : Daems, J., 2022. Voedeselbossen in kaart gebracht. Gebruikte soorten, systemen en drijfveren. https://ilvo.vlaanderen.be/uploads/documents/Masterproef_Johanna_Daems.pdf Consulté le 19 novembre 2024.